GR
/ Le 14/09/2001
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/ Barre-des-Cévennes
Barre
des Cévennes est un joli village où toutes les maisons sont
alignées de part et d'autre de la rue principale. Il n'y a pas de
rues transversales, mais à la plce, des petits passages entre deux
maisons, généralement couverts par le premier étage
d'une des maisons.
Ces
passages, en pentes, permettent d'accéder à l'arrière
des maisons où se trouvent des rues secondaires, parallèles
à la rue principale et au-delà, des jardins potagers.
Barre
est ce genre de village où tout le monde semble connaître
tout le monde et sait ce que fait tout le monde. C'est ainsi que j'ai appris
que la pauvre dame qui tenait le gite où j'avais réservé
avait du se rendre à Nimes pour passer un examen car elle souffrait
du genou mais que probablement son fils reviendrait plus tôt (la
rumeur le donnait pour rentré vers 17h-17h30).
Le
tour du village étant vite fait, et le seul bar fermé - vacances
- il n'y a guère d'autre possibilité que de se tourner vers
la créperie. Drôle d'endroit pour une créperie. Et
drôle de créperie pour une créperie. Et drôles
de crèpes.
Arrivé
pour dîner vers 19h30. Le patron, un type à jean crasseux
et rappiécé qui s'enfile des canons avec ses copains depuis
au moins deux heures, monté sur des charentaises sans age dont il
a applati l'arrière de manière à les transformer en
"mules", à tel point qu'on en vient à se demander si Charles
Martel a vraiment arrêté les arabes à Poitier, doit
quand même avoir ceci du breton qu'il n'en fait qu'à sa tête.
Une
ou deux heures après, cet endroit se révèle un véritable
repère de babas (ou de fils de). Les vrais babas n'ont jamais pu
être vraiment professionnels. Il y a un antagonisme fondamental
entre être baba et exercer une profession, quelle qu'elle soit. Le
baba est approximatif et dilettante, détaché de son activité
apparente, quand apparence d'activité il y a, indifférent
semble-t-il à son effet. Ainsi le baba qui dans une illumination
se dit qu'il va ouvrir un restaurant, finit très rapidement - d'ordinaire
dans la demi-heure qui suit l'ouverture du restaurant - par oublier totalement
la raison d'être de ce genre d'endroit, et ne s'explique plus la
présence de gens assis à des tables et qui semblent vaguement
solliciter quelque chose de lui.
Toute
cela réclame une continuité dans la pensée, une perséverence
et une acuité telle que le baba ordinaire a mille fois le temps
de rencontrer moult bifurcations mentales qui l'auront entraîné
à des années lumières. Marabout de ficeles est la
vraie devise du baba qui finit toujours par revenir d'où il est
parti. |
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