GR / Le 14/09/2001
67 / Barre-des-Cévennes

Barre des Cévennes est un joli village où toutes les maisons sont alignées de part et d'autre de la rue principale. Il n'y a pas de rues transversales, mais à la plce, des petits passages entre deux maisons, généralement couverts par le premier étage d'une des maisons.
Ces passages, en pentes, permettent d'accéder à l'arrière des maisons où se trouvent des rues secondaires, parallèles à la rue principale et au-delà, des jardins potagers.
Barre est ce genre de village où tout le monde semble connaître tout le monde et sait ce que fait tout le monde. C'est ainsi que j'ai appris que la pauvre dame qui tenait le gite où j'avais réservé avait du se rendre à Nimes pour passer un examen car elle souffrait du genou mais que probablement son fils reviendrait plus tôt (la rumeur le donnait pour rentré vers 17h-17h30).
Le tour du village étant vite fait, et le seul bar fermé - vacances - il n'y a guère d'autre possibilité que de se tourner vers la créperie. Drôle d'endroit pour une créperie. Et drôle de créperie pour une créperie. Et drôles de crèpes. 
Arrivé pour dîner vers 19h30. Le patron, un type à jean crasseux et rappiécé qui s'enfile des canons avec ses copains depuis au moins deux heures, monté sur des charentaises sans age dont il a applati l'arrière de manière à les transformer en "mules", à tel point qu'on en vient à se demander si Charles Martel a vraiment arrêté les arabes à Poitier, doit quand même avoir ceci du breton qu'il n'en fait qu'à sa tête.
Une ou deux heures après, cet endroit se révèle un véritable repère de babas (ou de fils de). Les vrais babas n'ont jamais pu être vraiment professionnels. Il y a un antagonisme fondamental entre être baba et exercer une profession, quelle qu'elle soit. Le baba est approximatif et dilettante, détaché de son activité apparente, quand apparence d'activité il y a, indifférent semble-t-il à son effet. Ainsi le baba qui dans une illumination se dit qu'il va ouvrir un restaurant, finit très rapidement - d'ordinaire dans la demi-heure qui suit l'ouverture du restaurant - par oublier totalement la raison d'être de ce genre d'endroit, et ne s'explique plus la présence de gens assis à des tables et qui semblent vaguement solliciter quelque chose de lui.
Toute cela réclame une continuité dans la pensée, une perséverence et une acuité telle que le baba ordinaire a mille fois le temps de rencontrer moult bifurcations mentales qui l'auront entraîné à des années lumières. Marabout de ficeles est la vraie devise du baba qui finit toujours par revenir d'où il est parti.

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