GR / Le 11/09/2001
67 / (suite)

Bref, à Anduze des badauds ébahis, des badernes à bananes ça badine à la Badoit.

Une fête foraine est là. Un fête foraine ou des forains ? Les forains ne sont pas très festifs. Et les autres non plus.

Dans une triste échoppe, décorée de panneaux peints en style forain (comment l'appeler autrement) aux couleurs vives aux traits mal assurés, dont on voit qu'ils ont été exécutés rapidement et avec une palette réduite aux couleurs primaires, dont les sujets, surprenant par leur inintérêt eux-même - un cerf dans une forêt, un galion sur la mer, un bouquet de fleurs - forment un ensemble dont l'incongruité semble échapper à tout le monde, un couple vient de s'installer à ce qui semble être une table de jeux.

L'éclairage prodigué par la dizaine d'ampoule de type "économie d'énergie, dure plus longtemps que les ampoules ordinaires" est à la fois dur, blafard et triste.

Le type a l'air d'avoir 45 ans. Il a de grosses lunettes d'écailles, le genre a avoir été achetées au musée Brejnev de Bucarest en 1962, les cheveux gras, une barbe mal taillée et un pull qui trahit sa provenance : chez Nono, le Palais des Vétements, les meilleurs prix du marché d'Aurillac.

Quand à la fille, son air à la fois buté et absent rend son age difficile à estimer. A peine est-elle assise qu'elle allume une cigarette, enfile un tricot aux couleurs criardes et ramène ses cheveux en arrière façon "queue de cheval", réduisant à presque rien ce qui lui restait de féminité.

Et ils restent là tous les deux, perchés sur leurs chaises, à déballer des piles de jetons, en se parlant sans se regarder, guettant des yeux, mais pas avec trop d'insistance pour ne pas les effrayer les éventuels clients.

Tels sonts les casinos du pauvre. P'tits gains, P'tites pertes. Et comme seul plaisir, se faire jeter des bouts de plastique depuis l'autre côté de la table par une meuf méprisante, la clop au bec, dans un éclairage de morgue municipale.

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